Surpopulation, violence, risques liés à la présence de
détenus atteints de troubles mentaux, évasions spectaculaires
: on croirait lire le sommaire d'une enquête sur les prisons
de France en ce début de XXIe siècle. Or ceci se passe au
début du XVIIe et, sans un certain Barthélémy Dumont, nous
n'en saurions rien.
Qui est Barthélémy Dumont ? Un de ces inconnus
de l'histoire rencontrés au hasard des archives et dont le
témoignage est d'autant plus précieux qu'il n'était pas destiné
à la postérité. En charge, de 1608 à 1625, de la Conciergerie
du Palais de justice de Paris, il a été confronté aux mêmes
problèmes que n'importe quel directeur d'établissement
pénitentiaire actuel... plus quelques autres qui ont
disparu.
Car, à l'époque et si incroyable que cela puisse
paraître, on entre à la Conciergerie comme dans un moulin,
on en sort presque aussi facilement. Une masse bigarrée de
prisonniers allant du sorcier de village au prince polonais en
passant par Ravaillac. Des personnels en nombre dérisoire,
dépourvus de toute formation et payés au rabais. La hantise
des catastrophes (incendies, inondations) qu'il faut gérer
avec les moyens du bord. Surtout, le contrôle tatillon de la
justice qui ouvre une enquête au moindre incident.
C'est d'ailleurs grâce à ce contrôle que Barthélémy
Dumont et, avec lui, la vie au quotidien de la Conciergerie
sont sortis de l'oubli. De là, ces Mémoires qu'il aurait pu
écrire et qui jettent un coup de projecteur inattendu sur la
plus célèbre prison de l'Ancien Régime.