Le crabe, un cancer, s'invite dans le poumon du narrateur, s'y installe
et s'y développe. Commence alors une relation triangulaire : le crabe, le
malade et le médecin.
Le texte, que l'on pourrait qualifier de roman de vie, pose des questions
récurrentes parce qu'essentielles sur la vérité au malade - quelle vérité ? -,
le sens et la portée des mots, l'ambiguïté de la parole, la «surdité»
défensive, la solitude existentielle, les peurs : celle du soigné mais aussi
celle des soignants. Le personnage principal, usant jusqu'à l'extrême de la
métaphore du crabe, porte un regard lucide, parfois ironique, sur sa relation
obligée avec le médecin, puis perd progressivement de sa perspicacité dans
la perception de sa maladie.
La voix du patient-narrateur s'exprime dans un monologue intérieur. Elle
se substitue souvent à celle du médecin-auteur dans un jeu de miroir qui
permet au praticien de prendre le recul suffisant pour mieux appréhender
les difficultés, les limites, voire parfois les maladresses de l'exercice
médical lorsqu'il est confronté à la maladie grave et à l'angoisse du malade.