Son mari parti se battre, Jeanne reste en compagnie de sa mère et de ses trois enfants à Saint-André-Lez-Lille, très vite occupée par les Allemands. Sa maison devenue le bureau d'officiers, elle prend la plume et transcrit fidèlement les évènements qui ont ponctué ces quatre ans et quatre jours d'occupation. Elle nous imprègne de cette ambiance de peur intense et continuelle des civils au milieu des éclats de bombes, d'obus et du crépitement des mitrailleuses. Elle y décrit la vie des simples citoyens avec son lot de difficultés quotidiennes comme la sous-alimentation, les trahisons de certains, mais également la formidable entraide qui en unit d'autres.
Pendant ces quatre années, Charles, lui, un fusil dans une main et son carnet de croquis dans l'autre, combat dans les rangs de l'armée. Lors de la mobilisation de 1914, il s'était en effet rendu à la gare dans le but de réaliser quelques esquisses du départ des soldats et avait fini par les accompagner.
Les dessins de Charles et les écrits de Jeanne constituent un témoignage extraordinaire, non seulement de cette guerre, mais aussi des us et coutumes de cette époque, des habitudes de vie dont nous n'avons plus idée, sans électricité, sans radio, sans télévision, sans ce que nous appelons le confort moderne.
Ces documents authentiques ont été confiés par leur petite-fille à Francis Arnould qui les a rassemblés en un carnet d'exception.