«Je sais ce que je vaux, et crois ce
qu'on m'en dit», écrit Corneille, en 1637.
Ce fils de notables rouennais est le premier
professionnel de la littérature. Brillant dans
ses comédies (La Place royale, Le Menteur),
altier dans ses tragédies (Horace, Cinna,
Nicomède), grand amateur de complexités
dans ses intrigues (L'Illusion comique,
Héraclius), il sait aussi parfaitement
représenter, dans son théâtre, les chassés-croisés
amoureux et financiers (La Veuve,
La Suivante), les méandres de la politique
(Sertorius, Othon), les dangers des passions
(Médée, Rodogune) ou les combats de
l'honneur et du coeur (Le Cid, Suréna).
Mais Corneille est encore un excellent
technicien en matière de poésie religieuse
(L'Imitation de Jésus-Christ), de billets
galants et d'odes à la gloire des grands
qui le protègent. Bourgeois anobli veillant
à ses intérêts, ce Normand virtuose
s'installe au tout premier plan de la scène
littéraire parisienne, s'oppose, puis s'allie
à Molière, tente de résister au succès
de Racine, plie parfois devant le pouvoir,
mais sait toujours se battre pour ses droits.
Christian Biet brosse le portrait d'un homme
de lettres sûr de lui, un éditeur scrupuleux
de ses textes, un poète, un dramaturge
dont l'oeuvre a traversé les siècles.