Le révisionnisme historique, tel que l'auteur le conçoit, n'est pas affaire d'idéologie mais de méthode. Il s'agit d'une méthode d'investigation en vue de vérifier des faits, des événements, des chiffres, des documents, des témoignages. En principe, le révisionniste ne commente pas un fait et ne tire pas de conclusion sans s'être assuré, au préalable, de la réalité de ce fait. On se rappelle l'histoire de la dent d'or, racontée par Fontenelle : « On commença par faire des livres et puis on consulta l'orfèvre. » Le révisionniste, lui, sait qu'il doit, avant de commenter la soudaine apparition d'une dent d'or dans la bouche d'un enfant âgé de sept ans, consulter un orfèvre ou bien se faire orfèvre. Pour prendre une autre comparaison, avant de répéter, après tant d'autres personnes apparemment dignes de foi, que le roi est paré d'habits miraculeux, il va, au préalable, vérifier si c'est exact ; et, au cas où le roi serait nu, il proclamera, à condition d'en avoir l'audace, que « le roi est nu ».
Le révisionnisme littéraire, tel que l'auteur le conçoit, observe une méthode identique et s'inspire du même esprit. Il oblige d'aller droit au texte pour l'examiner sous toutes ses faces, sur toutes ses coutures, indépendamment, en particulier, de la biographie, de la bibliographie et de ce qu'on entend par le terme, galvaudé et flou, de « contexte ». Le texte doit passer avant ce trop vague « contexte »-là. Cette méthode contribue à nous épargner les contresens. Elle aide à débusquer le faux. Elle peut, selon les cas, conduire à de modestes révisions ou, comme on le verra, à de surprenantes découvertes (cas, en particulier, d'Arthur Rimbaud pour « Voyelles » et pour bien des « Illuminations », et cas d'Isidore Ducasse soit pour Les Chants de Maldoror, soit pour Poésies I et Poésies II).
Mon révisionnisme littéraire
réunit près d'une trentaine de textes, en général peu connus, voire inédits.