Mon vieux Guérif,
Il me faut rendre hommage à votre obstination.
Il y a des années - Combien ? Entendez-vous s'écouler le sable ? -, que vous m'avez fait part de votre désir de publier les petites choses que j'ai écrites sous pseudonymes.
Je vous ai dit oui, puis non, et deux ou trois fois encore oui et non. Je ne faisais pas ma coquette (je ne suis pas celle que vous croyez !)...
Léo Malet
En 1972, un jeune éditeur de vingt-huit ans prend contact avec un écrivain un peu oublié qui en a soixante-trois. L'un est un passionné, à la recherche d'incunables publiés sous pseudonyme, l'autre un sauvage qui, cependant, se pique au jeu, et voit renaître une part oubliée de son oeuvre. Au « Cher Monsieur » des premiers échanges succède vite un « Mon vieux Guérif », qui devient une tradition. François Guérif sera l'éditeur de Malet, et leur amitié se poursuivra jusqu'à la mort de l'écrivain.
Dans ses lettres, Léo Malet ressemble étrangement à son héros Nestor Burma : ironique, caractériel, tendre et filou, avec un goût prononcé pour l'érotisme.
Les savoureuses dédicaces-collages néo-surréalistes de Léo Malet à François Guérif témoignent de la complicité qui unit les deux hommes.