Monsieur Ouine
Certains livres peuvent être considérés comme de « sombres objets » à manipuler avec précaution : Monsieur Ouine peut à ce titre rejoindre Le Maître de Ballantrae de Stevenson ou Les carnets du sous-sol de Dostoïevski. Largement moins connu que Sous le soleil de Satan ou Journal d'un curé de campagne, ce titre est considéré par les bernanosiens comme son opus majeur mais devrait être lu par tous ceux qui croient qu'il revient à la littérature de plonger dans les tréfonds de l'âme humaine.
Histoire de la catharsis d'un petit village autour de la figure d'un professeur, rongé par la tuberculose, à l'influence délétère et au charisme morbide, ce roman représente un « infini filon de noirceur », Bernanos approchant au plus près de son gouffre intérieur avec un écrit absolu sur le mal et le néant qu'il affronte, comme un naufragé solitaire en dérive face à ses démons.
À la lumière de notre époque, ce chef-d'oeuvre, qui a gardé sa puissance irradiante, prend une teinte singulière. Il fascine, il dérange, il intrigue, il impose son caractère unique.