Lors des guerres de Bourgogne (1474-1477), le destin tragique
du dernier Grand Duc d'Occident peut être résumé dans cette formule
laconique, connue par coeur de tous les écoliers suisses : «Charles le
Téméraire perdit à Grandson le bien (sa fortune matérielle), à Morat
le courage (à la suite de la destruction de son armée), à Nancy la vie (il
fut tué au combat)». Dans l'histoire militaire suisse, la bataille décisive
de Morat (22 juin 1476) reste la bataille la plus célèbre. L'armée
bourguignonne est taillée en pièces par ce «peuple de bouviers» que le
duc de Bourgogne sous-estime.
Pourtant, celui-ci est loin d'être un chef incapable. À certains
égards, son armée préfigure les armées de l'époque moderne. À Morat
toutefois, le fantassin suisse l'emporte sur le chevalier bourguignon,
l'archer anglais ou le «piéton» lombard. Cet ouvrage replace la
bataille de Morat dans son contexte européen et suisse, sans oublier
les aspects opérationnels et tactiques. Il met en évidence le rôle du
renseignement côté suisse et montre que les Suisses n'ont pas seulement
combattu pour l'argent du roi Louis XI mais qu'ils ont aussi défendu
leurs intérêts et préservé leur autonomie.