Difficile d'imaginer que dans ce fond de vallon ce fut une de ces filles de Cîteaux qui, à l'égal de Clairvaux, de Pontigny, de La Ferté, essaimèrent à travers toute l'Europe les édifices, les cultes, les savoirs, la puissance cistercienne.
Difficile d'imaginer que de toutes ces abbayes ce fut celle dont la puissance militaire et politique fut la plus grande - ici, on venait prendre conseil et instruction des confins d'Orient à l'extrémité de la péninsule ibérique; ici on avait pouvoir et responsabilité sur les moines chevaliers qui guerroyaient pour la Reconquête d'Espagne. Entre ce qu'il reste de porterie, de bibliothèque, et l'intacte majesté des étangs conservés, si l'on veut approcher quelque chose de ce qui fut dans ce vallon marécageux, c'est un grand effort de vision qu'il faut faire, chercher dans la forme même de la clairière le geste cistercien qui en chaque désert de forêt voulait rendre possible le dialogue permanent du moine avec Dieu. Difficile dialogue. Car ceux qui étaient venus ici pour «mourir au monde», durent plus d'une fois faire face à son irruption.
Des siècles d'histoire et de travail des hommes ont façonné les neufs cantons qui forment aujourd'hui le Pays de Langres.
Au fil des routes, des forêts, des abbayes, des châteaux, des sites imposants ou discrets, s'offrent à la curiosité des promeneurs attentifs.
Ces Carents sont des chemins possibles.
Dans chacun, un écrivain, un photographe, un graphiste, se sont laissés capter par l'inconnu de ces lieux.
Ils y ont découvert des perspectives qui leur sont propres. Récits subjectifs.
Regards à la première personne.
Invitation, pour chacun, à tracer à son tour son propre chemin de découverte.