Morton Feldman (1926-1987) est, à légal de son ami John Cage, l'un des compositeurs et inventeurs de formes et de modes de jeu les plus importants du XXe siècle.
Créée en 1985, longue de plus d'une heure et parangon de son art, For Bunita Marcus - avec Palais de Mari le sommet de son abondant catalogue pour piano - interroge tout autant la place, le rôle de son interprète que le poids du silence dans l'écriture musicale et sa concrétisation.
Depuis sa première rencontre avec l'enregistrement de la composition par Hildegard Kleeb en 1990, Guillaume Belhomme a fait de toute nouvelle écoute de For Bunita Marcus une sorte de rituel.
De son unique mouvement la pièce impose à chaque fois son rapport singulier au temps, de même qu'elle s'adapte aux différents environnements que se plaît à lui choisir son auditeur dont l'expérience esthétique convoque, en cinquante stations d'un subtil flux de conscience, d'intenses figures artistiques - de Mallarmé à Cage (bien entendu) en passant par Schwitters, Rauschenberg, Philip Guston, Beckett... - qui résonnent foncièrement avec l'avancée hypnotique de l'oeuvre.