La vie du général israélien Moshe Dayan se confond avec celle de son pays. Né en 1915, il vit intensément les heurts et malheurs du jeune État. Soldat d'exception, il gravit au pas de charge tous les échelons vers le sommet grâce à son talent, mais aussi à la protection de David Ben Gourion, son mentor. En 1948, il prend une part active à la naissance d'Israël en tant que commandant de la région de Jérusalem pendant la guerre d'indépendance. Chef de l'état-major de Tsahal en 1955, il est le véritable héros de la campagne victorieuse de Suez l'année suivante. Devenu ministre de la Défense en 1967, il incarne le triomphe absolu d'Israël au cours de la guerre des Six Jours. Durant toutes ces années, il est le visage de ce pays - un visage aussi populaire que singulier, barré par un cache-oeil devenu sa marque distinctive. L'histoire aurait pu s'arrêter là. Or, jusqu'à sa mort en 1981, la seconde vie de Moshe Dayan, celle du politicien, s'oppose à la première et détruit son aura, tout comme son idylle avec les Israéliens dont il a été l'enfant chéri. Dès la fin des années 1960, sa vie bascule brutalement de la grandeur à la décadence. En 1973, par une ironie cruelle, la guerre de Kippour brise définitivement ses ambitions et ses espoirs. D'une plume brillante et passionnée, Georges Ayache brosse avec brio la vie de cette idole qui fut vénérée par les Israéliens puis clouée au pilori avec la même unanimité.