Quelle sera l’atmosphère créée par Rodó critique, par Rodó, esprit sage et savant ? O curieuses contradictions de l’art ! Pour cet érudit paisible qui n’a jamais quitté encore sa ville natale, ce sera celle du marin s’embarquant sur les vastes nefs des poètes du monde entier. Lui-même l’écrira : « Parmi les rares vertus de mon esprit il en est une, cardinale du point de vue littéraire, que je crois posséder : l’éclectisme. Je suis un séide docile, qui accompagne les poètes dans leurs pérégrinations, partout où nous entraîne la spontanéité de leur caprice ; mon tempérament de Simbad littéraire est un grand amateur de sensations. Je recherche volontairement toutes les occasions de faire des exercices de souplesse ; il me plaît de diriger, par exemple, la nef horacienne qui conduit Virgile à Athènes, avant de m’embarquer sur le vaisseau de Saint-Pol Roux ou sur le yacht étrange de Mallarmé... »