L'apparition des sciences sociales est communément considérée comme un phénomène récent. Elles seraient apparues au cours du XIXe siècle, mais leur essor véritable ne daterait que du siècle suivant. Les professionnels et les profanes partagent cette représentation, qui est aussi très appréciée des historiens. Ce qui demeure dans l’ombre, est la manière dont ces disciplines sont nées.
Ce livre a pour but de lever le voile, en historien et en sociologue, sur la genèse des sciences sociales et ses conditions de possibilité. Une telle analyse ne permet pas seulement de mieux comprendre la naissance des sciences sociales, elle offre également un instrument puissant pour repenser ses clivages et ses cloisonnements, ses problèmes et ses promesses. L'ouvrage n'est pas consacré à la naissance de la discipline en tant que telle, aux auteurs canoniques comme Durkheim, Weber, Simmel ou Marx, mais à la « protohistoire » et la « préhistoire » des sciences sociales, qui précèdent la naissance proprement dite.
Johan Heilbron est chercheur au CNRS, rattaché au Centre de sociologie européenne de Paris, et professeur associé à l’Université Érasme à Rotterdam. Spécialiste de l’histoire des sciences sociales, de la sociologie de la culture et de la sociologie économique, il a notamment publié Pour une histoire des sciences sociales (avec Remi Lenoir et Gisèle Sapiro, Fayard, 2004), et co-dirigé Pour une histoire des sciences sociales, Hommage à Pierre Bourdieu (Fayard, 2004) et plusieurs numéros d’Actes de la recherche en sciences sociales : « Traduction : les échanges littéraires internationaux » (144, 2002), « La Circulation internationales des idées » (145, 2002) et « Espaces de la finance » (146, 2003).