La grande initiatrice du mouvement de soins palliatifs, Cicely Saunders, l'a magnifiquement montré: la souffrance qui accompagne la fin de la vie est, le plus souvent, une souffrance totale.
C'est une souffrance qui, non seulement vient du corps et du mental, mais aussi de l'esprit. La douleur physique engendrée par la vie du corps et la souffrance psychique par celle de l'âme (du mental ou du psychisme puisque ces trois-là sont un) sont, de nos jours, bien connues et, lors des dernières heures, mieux soignées.
Il en va différemment de la souffrance spirituelle qui est trop souvent mal comprise, quand elle n'est pas ignorée par les praticiens des soins palliatifs et de l'accompagnement des mourants.
Quelle est cette souffrance spirituelle qui, lorsqu'elle n'a pas été suffisamment entendue et comprise durant la vie, s'exacerbe à l'approche de la mort? Comment l'exprimer? Qu'a-t-elle à dire et, notamment, à celui qui va mourir? Quel est cet esprit, quel est ce composant de l'homme dont elle porte si haut le témoignage et qu'en même temps elle réclame avec tant de force et d'insistance puisque, sans lui, aucun mourant ne saurait certainement bien mourir? Quelle est, au-delà du corps et de la psyché, cette troisième dimension de l'être, si nécessaire à l'accomplissement de l'homme, et dont l'oubli, selon le mot de Zundel, inéluctablement fait de la mort un gouffre?
Telles sont les principales questions que ce livre, destiné à un large public, mais enraciné dans une conception de l'homme souvent niée, se propose d'éclairer aussi loin qu'il se peut. Coïncidence non dépourvue de sens, cet ouvrage, écrit sans le savoir durant les derniers mois de la vie de Cicely Saunders, développe cette même anthropologie tripartie dont elle avait une intuition très vive et qui, sans cesse, inspira son admirable travail.