« Tamanta strada ! »
. Gilles Simeoni ne pouvait mieux résumer l'état d'esprit du camp nationaliste au soir de la première grande victoire d'un mouvement né plus de quarante ans auparavant. En 2015, même si un succès déjà historique à la municipale de Bastia avait résonné comme un avertissement, le résultat de l'élection territoriale brisait soudainement l'habituelle alternance gauche-droite à laquelle deux siècles de pulitichella avaient accoutumé les Corses.
Cette voie triomphale, ponctuée par deux autres succès retentissants (aux territoriales à nouveau et aux législatives en 2017), marquée par l'effondrement apparent des forces traditionnelles et l'exercice effectif du pouvoir, n'a pourtant pas été un long fleuve tranquille.
Comme dans toute affaire humaine, rien n'a été simple. Les changements institutionnels (collectivité unique), les rapports tendus avec l'État - se déclarant pourtant tout autant progressiste que les nationalistes -, la dégradation des conditions sociales et économiques, un contexte culturel mondial et national toujours plus défavorable aux petites communautés, les chantiers n'ont pas manqué. Et les crises non plus.
Comme dans toute affaire humaine, malgré la promesse de l'établissement d'une « maison de cristal » en lieu et place de la secrète collectivité territoriale de Corse qui préexistait, les zones de clair-obscur, les petites phrases assassines et autres guéguerres picrocholines n'ont pas manqué d'animer la chronique.
Et comme, en politique, l'insignifiant est toujours signifiant et que le décodage est toujours indispensable, il était important, à quelques encâblures d'échéances capitales, de raconter dans le détail ce que furent ces premières années de pouvoir nationaliste.
Un pouvoir ardent, mais pourtant désarmé...