On comprendra bien mieux Nietzsche si, cessant de voir
en lui un métaphysicien allemand ou le défenseur d'une
doctrine naturaliste des instincts, on le considère comme
un des grands moralistes français. Comme eux, il est d'une
totale lucidité sur la fragilité et les défauts humains,
mais sans le désespoir de Pascal et sans le mépris glacial
de La Rochefoucauld pour «l'humain, trop humain».
À l'instar de Montaigne, il a voulu devenir un esprit sensé,
férocement honnête et joyeux, quelqu'un qui parvienne
à «s'acclimater sur terre».