«Quel Nino Ferrer l'emporte sur les autres ? L'aristocrate ayant
épousé la plus roturière des vocations, celle de chanteur
saltimbanque ? L'amoureux de jazz et d'ethnologie ? Le rital
déraciné, devenu caldoche puis gosse du XVIe ? Le peintre
tardif de toiles érotico-surréalistes ? Le dandy cinoque, un poil
cynique, qui faisait se gondoler la France à coup de Téléfon, de
Cornichons, de Oh ! Hé ! Hein ! Bon !? L'amateur de belles
cylindrées qui avait la frousse de l'avion ? L'homme à femmes
qui deviendra assez vite celui d'une seule ? Le musicien exigeant
et raffiné qui eut souvent un coup d'avance sur la plupart de ses
congénères ? Le swingueur ? Le twister ? Le rocker ? Le crooner ?
Nino Ferrer était un aventurier des arts et des lettres, ni un
officier aux ordres ni un chevalier servant.»