Peindre, écrire chemin faisant, livre désormais
culte publié aux Editions L'Age d'Homme,
s'achevait en Afghanistan le 20 octobre 1954,
sur la séparation entre Thierry Vernet et
Nicolas Bouvier. Les présentes Noces à Ceylan
débutent trois jours plus tard à New Delhi. On
y retrouve la même dévotion, la même joie du
jeune peintre, alors âgé de 27 ans, face à son
travail, avec une différence notable cependant : il pourra enfin partager son
bonheur avec sa fiancée Floristella Stephani - la tendre môme -, peintre
elle aussi, partie en paquebot le rejoindre à Colombo pour l'y épouser.
Ceylan, c'est aussi l'aboutissement du long périple indien de Nicolas
Bouvier ; il y célébrera le mariage de ses amis genevois : ce sont eux, les
«Paul et Virginie» pudiquement évoqués au début du Poisson-scorpion.
Le séjour de cinq mois environ sur cette île enchanteresse ne sera pas
exempt de difficultés (matérielles, de santé), mais ce qui prédomine dans
ces pages adressées à la famille de l'auteur, c'est la confiance lumineuse de
celui-ci en l'avenir, et sa curiosité très plastique pour les êtres et les choses
qui croisent son regard, transmise avec une verve et un naturel désarmants.
Patrick Vallon
Il y a une chose encore que j'aimerais dire
pour l'avoir éprouvée maintes fois. Il s'agit du
plaisir, plus encore, de la joie et de l'émotion
que les oeuvres écrites ou peintes de Thierry
et de Floristella nous offrent. A en croire les
philosophes de l'Abîme, l'âme humaine libérée
est dissoute dans l'absolu comme un morceau
de sel est dissous dans l'eau. Tout disparaît,
tout s'efface. Ceux qui ont eu le privilège de lire les textes de Vernet ou de
contempler les peintures de l'un ou de l'autre, savent que ces arguties sont
ineptes et que c'est en chacun de nous que désormais se réfugient les parcelles
de ce vécu qu'ils nous ont offert, telle une mémoire vivante.
Richard Aeschlimann