« Un beau jour », je sus que j'étais éprise de Camille. Peut-être cet amour ressemblait-il aux grains de blé ensevelis dans les sarcophages et qui, semés des siècles plus tard, germent, deviennent épis : peut-être mon sentiment avait-il été secrètement conçu lors des premières visites de Camille chez moi, à Tienne, une dizaine d'années auparavant. La joie m'inonda, malgré tout ce que je pouvais me dire du caricatural et du déplaisant de la situation. Je voyais aussi que Camille ne m'aimait pas, moi qui lui avais apparemment tant plu l'été précédent. Mais ça n'avait guère d'importance. Il s'agissait de moi, de Camille et de mon amour pour elle.
Dans un pays lointain de neige et de froid, une enseignante venue d'Europe s'éprend de Camille, une universitaire célèbre.
Noli est la chronique de cet amour à sens unique.
Noli est le récit d'une tentative de guérison par la psychanalyse.
Noli est le constat que seule l'écriture peut délivrer des amours illusoires.
Profondément autobiographique, Noli est le plus méconnu des livres de Béatrix Beck.
De 1968 à 1972, celle-ci multiplie les allers-retours entre la France et le Québec, où elle est tombée amoureuse de Jeanne Lapointe, figure intellectuelle très connue outre-Atlantique. Alors que Gallimard refuse son nouveau roman, elle entame une psychanalyse qu'elle n'achève pas. De retour à Paris, elle sombre dans une profonde dépression.
La postface qui accompagne Noli retrace ces années décisives de la vie de Béatrix Beck et lève le voile sur les différents pseudonymes utilisés derrière lesquels, outre Béatrix Beck et Jeanne Lapointe, on croise Anne Hébert, Nathalie Sarraute ou Claude Pinget.
Enfin, la reproduction et la transcription des quelques pages manuscrites retrouvées de Tout le monde s'appelle Aronovitch, le roman refusé par Gallimard et aujourd'hui disparu, complètent cet ouvrage indispensable.