Après la liberté et l'égalité, l'identité est aujourd'hui devenue un enjeu essentiel. Plus la globalisation s'étend à l'échelle planétaire, plus la revendication de ceux qui veulent faire reconnaître leur identité se fait puissante. Et de fait, l'identité est un bien essentiel. Elle est constitutive de nos fins. Mais la question de l'identité ne se pose vraiment que lorsque cette identité est menacée ou qu'elle a disparu. Dès l'instant que l'on s'interroge sérieusement sur la notion d'identité, en refusant de n'en faire qu'un mot-fétiche ou un slogan, on constate que l'on se trouve devant une notion très complexe. Qu'est-ce que l'identité ? C'est à cette question qu'Alain de Benoist s'attache à répondre dans ce livre.
Rappelant que la problématique de l'identité est essentiellement une problématique moderne, Alain de Benoist en retrace la généalogie. Il montre que la dynamique libérale, en arrachant l'homme à ses liens communautaires et traditionnels, à ses modes de vie différenciés, a mis en oeuvre un processus d'indistinction qui, par contrecoup, explique la montée des identités politiques ou idéologiques et des identités de classes. Le résultat a été que la part subjective de l'identité a pris de plus en plus d'importance par rapport à sa part objective. Aujourd'hui, la frontière entre appartenances héritées et appartenances choisies tend à s'estomper : l'identité n'est plus agissante que pour autant que l'individu le veut bien.
Mais il y a aussi une pathologie de l'affirmation identitaire. Alain de Benoist montre qu'elle repose en général sur une mauvaise compréhension de ce qu'est l'identité. L'identité n'est pas une essence intangible, mais une substance narrative. Elle n'est pas ce qui définit en nous ce qui ne change jamais, mais bien plutôt ce qui définit notre façon spécifique de changer. Enfin, elle est nécessairement dialogique : si l'identité est bel et bien constitutive de soi, elle se construit et se reconstruit dans un perpétuel rapport avec l'Autre. Ce qui la menace aujourd'hui le plus, ce qui menace la différence, c'est la « désymbolisation marchande », qui enlève toute valeur à ce qui ne s'exprime pas dans le registre de la marchandise et de la consommation.