Pourquoi et comment devient-on communiste, à dix-sept ans, peu avant mai 1968? Pourquoi et comment le reste-t-on durant un quart de siècle? Pourquoi et comment quitte-t-on le PCF? C'est cette expérience que relate Alain Ruscio. Il le fait en utilisant délibérément le Moi, trop souvent submergé par le Nous en politique. Ce qui donne à ce témoignage une dimension personnelle rare dans ce genre d'ouvrage.
Son parcours n'est ni celui d'un militant de base, ni celui d'un membre de l'appareil. Il a cependant, à diverses reprises, été le témoin d'événements importants, en particulier lors de son expérience d'envoyé spécial de L'Humanité au Vietnam et au Cambodge.
Il tente de brosser, de l'intérieur, un tableau des milieux communistes français dans les années 1960-1980, alors que le PCF exerçait encore une grande influence. Au passage, le lecteur croisera des dizaines de militants, êtres de chair et de sang (rouges). Alain Ruscio ne cache nullement sa tendresse pour beaucoup d'entre eux, mais ne ménage pas par ailleurs les sectaires et les dogmatiques qui ont de tous temps encombré le Parti. Pas de regrets pour bien des pages écrites - lutte contre la guerre du Vietnam, le franquisme, le coup d'État de Pinochet, lutte pour l'unité de la gauche française, pour la défense des plus démunis - pas d'illusions sur bien des manoeuvres et des petitesses, pas de pardon pour bien des drames, telle est la règle de l'auteur.
Aujourd'hui, le PCF n'est plus qu'une ombre. Mais les raisons de combattre le capitalisme sont-elles pour cela obsolètes? Et si, interroge Alain Ruscio, l'idée de Révolution valait toujours la peine de s'engager?