Sylvain s'en va par amour. L'amour est vraiment une drôle de chose, et cette drôle de chose occupe continuellement l'esprit de Sylvain. Il mange en pensant à Mahalia, il fait semblant de travailler en pensant à Mahalia, il fait la tronche en pensant à Mahalia. Pour guérir, il faudrait qu'il puisse dîner au lit et prendre des bains, avec elle, et l'embrasser, sur la bouche.
Sylvain doit partir. C'est logique et c'est une bien sale affaire. Parce que, déjà, il doit tout organiser en vue de son déménagement, et aussi compter avec sa propre crise d'adolescence et ses revers de sentiments. Parce que ses parents vont faire des histoires, lui passer six cents coups de fil angoissants et collants. Parce que la famille est une drôle de chose, un peu comme l'amour.
Sylvain va prendre le large, et rien ne pourra l'arrêter. Rien, sauf un Martin. Un frère fan de Skyrock, fouille-merde à ses heures, crétin immature de surcroît, trop sensible pour être léger. Une ancre humaine soudainement paralysée des jambes pour empêcher Sylvain d'utiliser les siennes.
À douze ans, Sylvain va découvrir comment les histoires commencent et finissent.