Considéré d’habitude comme le « père » de l’anarchisme français, Pierre-Joseph Proudhon entretient un rapport ambivalent avec la création littéraire. Cet essai retrace tout d’abord la relation de Proudhon à la littérature, telle qu’elle apparaît à travers ses ouvrages. Il analyse ensuite les discours tenus dans ses quatre journaux sur les triomphes du roman-feuilleton, visant la conception d’un feuilleton révolutionnaire capable de diffuser auprès du lectorat populaire, par le biais de la fiction, les idées et les théories qui aideront à son affranchissement. Une présentation des romans-feuilletons parus dans les diverses incarnations du journal Le Peuple est suivie par une étude plus approfondie de l’un d’entre eux, le roman Le Mont Saint-Michel, qui narre les aventures d’un groupe de républicains lors du célèbre épisode de la barricade du cloître Saint-Merry, clou tragique de l’insurrection avortée de 1832. Convoquant de nombreux auteurs connus (Michelet, Stendhal, Victor Hugo et Alexandre Dumas père) et oubliés, cette analyse veut offrir une réflexion sur la nature du roman historique et de l’écriture historiographique pendant une période clef pour leur développement.