À partir de 1830, Victor Cousin (1792-1867) s'attacha à un enseignement
laïque de la philosophie entièrement affranchi de toute autorité théologique en
faisant promulguer le 28 septembre 1832 un programme des questions de
philosophie sur lesquelles les étudiants devaient être interrogés aux examens
du baccalauréat. Ce programme, oeuvre d'une transaction entre l'école
condillacienne et l'école éclectique, était divisé, comme le précédent, en trois
parties ; mais ces parties n'étaient pas les mêmes. Au lieu de la logique, la
métaphysique et la morale, c'étaient la psychologie, la logique et la morale.
En outre, une partie complémentaire y était ajoutée : l'histoire de la
philosophie. En comparant ce programme au précédent (1823), on y est
frappé tout d'abord par une nouveauté capitale ; à savoir l'apparition de la
psychologie présentée comme la base des études philosophiques.
L'établissement d'une psychologie séparée, indépendante, servant de base à la
science philosophique, telle fut la révolution principale opérée dans
l'enseignement par Cousin.
Nicolas Eugène Géruzez (1799-1865) fut celui qui a publié en 1833 le
premier livre de philosophie à l'usage des étudiants préparant le baccalauréat
ès lettres d'après le nouveau programme de 1832. Cet ouvrage, intitulé
Nouveau cours de philosophie, plusieurs fois réimprimé par la suite, est
devenu un manuel adopté dans un assez grand nombre de collèges pendant de
nombreuses années. L'âme ou le principe de la pensée est le seul objet de la
philosophie. La psychologie est l'étude de l'âme considérée en elle-même ;
elle consiste à donner la description de ses états et de ses opérations et à
établir l'inventaire de ses connaissances et de ses facultés. La marche de
l'intelligence, les procédés de l'esprit dans la recherche et la démonstration de
la vérité, sont l'objet d'une autre partie de la philosophie qui a reçu le nom de
logique. Les rapports de l'âme avec les forces semblables à elle, inférieures et
supérieures, rapports qui déterminent ses devoirs à l'égard de ces forces sont
l'objet de la morale et de la théodicée. La psychologie doit être le début de la
science philosophique car l'existence du moi est le seul fait primitif que le
doute ne puisse pas ébranler.
Nous reproduisons ici en fac simile l'édition originale (1833) du livre de
Géruzez : Nouveau cours de philosophie.
Ce livre s'adresse aux philosophes, psychologues, historiens et étudiants
désireux de découvrir un des premiers écrits élémentaires de l'école
spiritualiste éclectique du XIXe siècle.