La France a connu ou subi depuis dix ans une série de réformes et d'innovations territoriales : fusions de communes, intercommunalité revue et généralisée, cantons refaits, régions recadrées, métropoles affirmées et départements menacés. Une multitude de parcs, zones et pôles ont fleuri, tant pour la compétition que pour l'écologie. Des milliers de plans et de schémas sont censés assurer la « cohésion » des territoires tout en proclamant leur « droit à la différence ».
Tous ces dispositifs dessinent des cartes, ont acquis des noms et des sigles. Les nouveaux noms en disent long sur les intentions et les prétentions de leurs inventeurs. La néotoponymie fait éclore les Bio, les Éco, les Euro, les Hauts et les Grands et, d'Hypercourt à Tuffalun, des Hauts-de-France à Cœur de France, jouent de tous les registres de la Foire aux Vanités. Mais l'illusion nominaliste l'a trop emporté sur l'action. « Territoires » et « quartiers » méritent mieux que des soins palliatifs.