Partisan de la position allongée, Oblomov ne trouve le bonheur
que dans le sommeil. Ni son ami Stolz, incarnation de
l'énergie et de l'esprit d'entreprise, ni la belle Olga avec qui se
nouera l'embryon d'une idylle, ne parviendront à le tirer de
sa léthargie. Entreprendre et aimer sont décidément choses
trop fatigantes.
Grand roman de moeurs, Oblomov offre une satire mordante
des petits fonctionnaires et des barines russes. La première
partie du texte constitue un véritable morceau de bravoure,
irrésistible de drôlerie, décrivant les multiples tentatives toutes
vouées à l'échec d'Oblomov pour sortir de son lit.
La profondeur du roman et la puissance du personnage n'ont
pas échappé à des philosophes comme Levinas. L'inertie du
héros est moins une abdication que le refus farouche de tout
divertissement.
L'humour et la poésie sont au service d'une question que
Gontcharov laisse ouverte : et si la paresse, après tout, était
moins un vice qu'une forme de sagesse ?