Cette peinture est moins à penser qu'à recevoir dans l'oeil ; un accueil d'oeil,
voilà ce qu'elle demande. Quant à ce qu'elle donne, c'est une distorsion
de l'espace interne et une remise en question de voir. Or, de manière urgente,
on a besoin de cette interpellation par un art non arrêté sur un produit
reconnaissable, vendable, préfabriqué, correspondant sans failles aux goûts
et attentes. Cette oeuvre présente un nulle part de l'oeil : regardons.
(...)
Cette oeuvre tient, retient par sa cohérence constante. Voilà ce qu'on peut
demander à un artiste : ne pas plier. Résister dans son ordre : un travail d'oeil
et de main, une avancée lente, au plus près, contre le vent dominant. J'aime
dans cette oeuvre, non seulement le plaisir de l'oeil qu'elle propose, mais
qu'elle impose et donne à voir le travail du peintre, acharné, pour nous donner
au bout un espace autre.
Antoine Émaz