En 1801, Chateaubriand publiait avec Atala une oeuvre née de son aventure américaine qui allait faire sensation dans le monde des lettres en inaugurant une écriture poétique apte à faire retentir toutes les harmoniques du désir. Les préfaces ici rassemblées, ainsi que le dossier critique sur Atala constitué par Chateaubriand lui-même, permettent de mesurer la déconcertante nouveauté d'un récit que les contemporains hésitaient à classer « parmi les monstruosités ou parmi les beautés », et qui, deux siècles après, n'a rien perdu de sa fascinante étrangeté.
Le court récit-confession de René, aux allures autobiographiques, est à la fois une manifestation de la crise de confiance envers le siècle des Lumières et du désarroi post-révolutionnaire. Promenades extatiques, passion incestueuse, malaise indéfinissable, tout concourt pour faire de René une icône du premier romantisme français.
Dans Les Aventures du dernier Abencérage, ce récit qui déroute souvent les lecteurs, Chateaubriand tente de répondre aux angoisses et aux fièvres de René par une image héroïque de l'amour. Celui-ci est aux yeux du conteur un absolu qui passe toute règle sociale ou même religieuse : dans sa redoutable pureté il conduit à la solitude et trouve sa joie à travers le désespoir.