Les oeuvres présentées dans ce volume relèvent de la polémique, la Conjuration de Fiesque moins directement que les Pamphlets. En justifiant, à l'inverse des historiens qui l'ont précédé, la révolte génoise de 1547 contre Doria, Retz érige son instigateur, Jean-Louis de Fiesque, en héros de la liberté. Cet écrit de jeunesse, hostile en filigrane à Richelieu, courut longtemps sous le manteau en manuscrits anonymes et ne fut imprimé que bien plus tard. Les circonstances de sa création et de ses parutions demeurent hypothétiques.
Retz s'impliqua dans la guerre des libelles de la Fronde en prenant la plume, mais il dut également solliciter son équipe de presse, d'où les problèmes d'attribution. La Conjuration de Fiesque et les Pamphlets ont joué un rôle important dans sa formation littéraire. En relatant les péripéties de la conspiration italienne, il s'exerça au genre du récit historique orné, dans la tradition de l'historiographie classique, de portraits, de harangues et de sentences. Les libelles frondeurs l'initièrent aux subtils déguisements de l'apologie personnelle, au maniement de la dialectique, de l'éloge et de l'ironie. Les variations sur les thèmes de l'arbitraire et de la tyrannie, de l'héroïsme et du désintéressement, communes aux deux oeuvres, ont contribué à façonner le personnage de grand seigneur qu'au soir de sa vie il s'était plu à camper devant la postérité.