«Ulysse avait pourtant bien dit à Icare de ne pas monter si
haut dans le ciel mais Icare ne l'a pas écouté et un accident
arrive toujours de manière bête.
De l'accident, il ne reste rien. Si ! les bouts de verre épars
sur la chaussée. Et puis, ce que les gens en disent, bien sûr.
[...] Les conséquences ? Quelles conséquences ? Les bouts
de verre ce n'est rien. Ce qu'ils disent c'est tout. Le murmure
des hommes. Voilà tout. Mais tout c'est quoi ? Tout c'est
rien, tout c'est tout. Tout c'est vide, tout c'est plein. Tout
c'est rien, voilà tout.»
La lecture des textes d'Antonin Artaud et de ceux
de Bernard Marie Koltès ainsi que la vision des pièces
de Pippo Delbono ont conduit l'auteur vers une conception
contemporaine du théâtre. Cette pièce, dans sa version
originale, pouvait se concevoir comme une utopie
formelle, une proposition de ce que devait être, selon l'auteur,
une pièce de théâtre moderne, rompant avec la tradition
séculaire, en Occident, d'un théâtre de la parole. Si l'on
consent à concevoir le théâtre comme un art qui est aussi
celui de gestes et de déplacements, pourquoi se refuser à
les écrire ?