Manger, ce n'est pas simplement s'alimenter. Cet acte convoque
dans nos assiettes et autour de nos tables un ensemble de règles, de
normes, de codes, de valeurs et d'interdits avec lesquels nous devons
composer nos repas. En ce sens, manger est une action profondément
culturelle, qui possède des racines anthropologiques vivaces. Toujours,
le symbolique y outrepasse le physiologique. Et notre modernité n'érode
pas autant qu'on pourrait le penser notre rapport à la nourriture, encore
largement déterminé de points de vue socio-économique et culturel.
S'inspirant, dans l'esprit, de l'héritage de Barthes et de Goffman, ces
pages proposent une lecture originale du contenu de nos assiettes. Elles
interrogent le statut des aliments, les contextes de table, les différentes
manières de manger (seul ou «avec»), et les nouvelles tendances en
termes de restauration. Une grande part de l'analyse est accordée à la
ritualisation et à la théâtralisation de l'alimentation.
Alternent dans cet ouvrage des analyses fouillées de nature
ethnographique (sur le buffet à volonté ou les fast-foods), des «variations
théoriques» et de courts chapitres non départis d'humour. Ceux-ci sont
consacrés aux kebabs, aux «sushis bars», aux plateaux de fruits de
mer, au barbecue ou encore... aux lois anthropologiques présidant au
règlement de l'addition en fin de soirée !
Opéra bouffe permettra à ses lecteurs de passer dans les coulisses
de l'alimentation considérée comme système symbolique, afin de
comprendre pourquoi et comment nous mangeons au jour le jour.