Il y eut à diverses époques, disait Élisée Reclus, des migrations de masse causées par des guerres, des invasions ou des ras-de-marées ; et les habitants des terres envahies ou conquises, devaient partir dans un sens ou dans un autre, suivant les poussées, les appels, les attractions. La connaissance des eaux et des vents ayant rendu les peuples des terres océaniques plus habiles à se mouvoir sur la mer, il leur suffisait de connaître la direction des îles désirées, et ils partaient vers de nouvelles terres. S’ils ne les voyaient pas déjà se profiler à l’horizon, le vol des oiseaux, le mouvement de la houle et mille autres indications fugitives que devine l’œil des marins les guidaient à travers les flots. Ainsi pourrait-on expliquer le peuplement des îles lointaines et des nouveaux continents découverts par les Européens...
Le grand courant équatorial qui, dans la zone torride, entraîne les eaux et les épaves dans la direction de l’est à l’ouest, et le contre-courant, beaucoup plus faible, qui, dans le voisinage de la ligne équatoriale, reflue en sens inverse, d’occident en orient, durent aider souvent à une dispersion involontaire des Polynésiens.
Ce livre traite de l’origine et des migrations des Polynésiens.