Orwell ou l'horreur de la politique
De George Orwell, le lecteur français connaît surtout le prophétique 1984, terrifiante description de la société totalitaire, et La Ferme des animaux, une satire féroce du monde soviétique. Pourtant, la vie et le travail du romancier britannique, mort en 1950, ne sauraient se résumer à ces deux chefs-d'oeuvre, aussi visionnaires soient-ils.
Auteur prolifique, journaliste talentueux, militant jusqu'au bout, Orwell - de son vrai nom Eric Blair - est une figure admirable et lucide. Armé d'un socialisme débarrassé « de ses hypocrisies, de ses lâchetés et de ses sottises », il a mené une lutte inlassable contre le totalitarisme. Et chez Orwell, les écrits sont cautionnés par les actes. Toute sa vie fut une quête tendue vers cet « idéal d'un homme déterminé à tout prix à énoncer des vérités pas bonnes à dire ».
Dans ce petit essai, initialement publié pour saluer la date orwellienne de 1984, Simon Leys décortique la théorie politique
de cet écrivain majeur et tord le cou à un certain nombre d'idées reçues. En décryptant la double vocation d'Orwell (« écrivain politique »), il dessine en creux son autoportrait, celui d'un homme discret qui adhère à son oeuvre à chaque instant de son existence.