«Sur les pentes abruptes de la Gorica, où sont
restés mes camarades d'enfance, les événements
dramatiques ont déboulé les uns par-dessus
les autres. Une guerre d'un nouveau genre a
commencé. Dans mon Sarajevo, dans ma Gorica
que je connaissais pierre à pierre. Là-bas, ma
tristesse est restée pendue aux réverbères telle une
lumière clignotante en haut d'un lampadaire public
déglingué. Sur le Mont Noir voltigent mes soupirs,
comme des papillons de nuit, tandis que sur les
marches raides, où je m'entraînais à la rapidité
du cosmonaute et à la lenteur de l'amoureux,
ne cessent de rouler des ballons. Et moi, je n'ai
jamais arrêté de courir après eux.»