« Le Paris-Orphée d'Henri Cole est un livre remarquable. Écrit entièrement à Paris, c'est le journal intime d'un poète, une suite de promenades qui nous conduisent au coeur de la ville, et au tréfond de son âme toujours en recherche. Sa voix est ici encline à la confidence, érudite, tendre, inattendue dans ses sympathies et ses découvertes. Comme dans ses extraordinaires poèmes, son écriture est finement ouvragée, alors même qu'elle paraît sans art et sans prétention. L'un des grands plaisirs que l'on prend à ce livre tient au goût du poète pour les travaux et les paroles des autres : les poètes dont il est proche, ses amis artistes, mais aussi les Parisiens qui ne font que passer dans sa vie d'observateur passionné, et qui poursuivent leur chemin. »
Joyce Carol Oates
« Comment j'écris ? Je marche le long de la Seine, je m'assieds sur un banc en béton et je regarde les mouettes voler au gré du vent. Le fleuve est d'un gris métallique, semé de petites calottes blanches et très changeantes. La marche m'aide à disperser les toiles d'araignée de la nuit. Soudain, une mouette attrape un poisson trop gros pour être avalé, qu'elle doit recracher. Voilà une métaphore, me semble-t-il, qui s'applique à l'écriture de la poésie. Je veux que mes poèmes suggèrent la révolte, mais soient en même temps des serviteurs de l'ordre. Je veux qu'ils soient compacts, et comme la peinture expressionniste, manifestent une sincérité, une authenticité toute personnelle. »
Henri Cole, Paris-Orphée, chapitre XVI, 2018.