Les Indiens guajiros de Colombie : anciennement chasseurs et cueilleurs, horticulteurs, sont devenus au terme d'un emprunt technique décisif l'une des seules sociétés indigènes proprement pastorales et nomades du Nouveau Monde. Cas d'espèce ? En tout cas fait polémique et expérience cruciale, tant pour les premiers intéressés que pour leur observateur. Pourquoi ? Comment cette adoption d'une économie d'élevage ? Et surtout, avec quels effets sur les structures et les représentations sociales ? Ces questions restent toujours présentes dans l'exposé et dans l'interprétation des données élaborées par François-René Picon. Données issues d'une scrupuleuse ethnographie restituant l'état actuel de la société guajira et, en contrepoint, d'une patiente exploration des archives de la conquista. D'où un livre qui devrait solliciter à plus d'un titre l'intérêt des anthropologues, des américanistes et bien d'autres, dans la mesure où l'ethnologie y rencontre l'histoire et lui répond. Cet ouvrage propose du même coup une référence empirique nouvelle à la réflexion technologique, mais aussi socio-historique, sur le pastoralisme nomade et l' «emprunt ». Ici, des groupes humains se sont engagés sur cette voie particulière dont ils ont « choisi » les avantages, faute de pouvoir en tourner les contraintes. Ces conditions relativement bien documentées ont vertu de contre-épreuve pour les typologies établies. Mais ailleurs ?