Indisciplines
Alors que l'agriculture brésilienne semble promise, grâce au développement des agrocarburants et aux échanges avec ces grands voisins, la Chine et l'Inde, à augmenter ses exportations de produits agricoles, qu'en est-il de l'agriculture familiale et paysanne qui représente 90 % des exploitations du pays et 30 à 40 % du PIB agricole marchand selon les filières ? Les statistiques, les discours, les médias ignorent cette réalité. Même les politiques spécifiques d'appui à cette agriculture, centrées largement sur un modèle unique prônant la compétitivité de l'insertion aux grandes filières agricoles, menacent de plus en plus son existence et sa reproduction. Face aux interventions de l'État et à l'extension du marché de libre-échange, comment mesurer leur véritable contribution ?
L'auteur, qui a mené ses recherches durant une douzaine d'années au Brésil, a une connaissance fine de la diversité des situations de l'agriculture et des agriculteurs dans ce pays. Il mobilise ses connaissances en sociologie, en anthropologie économique, mais aussi en géographie, en agronomie et en sciences politiques pour démontrer qu'il est possible de maintenir, à côté d'une logique d'échange marchand, la reproduction ou l'adaptation de pratiques et de structures liées aux valeurs éthiques et humaines, relevant de la réciprocité et de la redistribution, y compris pour la construction de marchés plus équitables.