Qu'est-ce vraiment que le néolibéralisme ? Et comment en sortir ?
Pour répondre à ces questions, il peut être utile d'élucider d'abord le
sens du basculement néolibéral que le monde a connu depuis la fin des
années 1970.
Il se trouve que c'est précisément durant cette période, en 1979, que
Michel Foucault devait prononcer au Collège de France quelques leçons
sur le néolibéralisme appelées à connaître bien plus tard un succès
fulgurant. Depuis, un flot ininterrompu de publications ne cesse de célébrer
en Foucault le grand prophète du néolibéralisme.
Pour beaucoup, tout a été déjà dit sur l'essence de la «rationalité néolibérale»
dans ces leçons géniales qui ont parfaitement su anticiper notre
monde, celui de la mise en concurrence de tous contre tous et d'une
nouvelle conception de l'individu comme entreprise.
Pourtant, des doutes subsistent. Est-on si sûr que Foucault voyait la société
néolibérale comme un cauchemar dont il fallait sortir d'urgence ?
Sa relation au libéralisme et au néolibéralisme n'était-elle pas autrement
complexe, alors qu'il multipliait à la même époque les critiques contre le
marxisme et le socialisme ? Il se pourrait que sa pensée sur le sujet soit
plus subtile - ou troublante - qu'on ne l'imagine généralement.
Ce livre, qui dresse un tableau des transformations de la vie intellectuelle
française de la fin des années 1970, affronte la fausse transparence
de ces cours en vérité ambigus et énigmatiques, pour reprendre les interrogations
stimulantes de Foucault. Car même si l'on ne partage pas ses
réponses présumées, les questions qu'il a posées restent essentielles dans
le moment que nous vivons : qu'est-ce que le néolibéralisme ? Le socialisme
survivra-t-il à son assaut, ou doit-il se réinventer entièrement ?