Ouvrages, slogans, bons sentiments ont beau faire,
le rejet de l'Autre semble être, aujourd'hui comme hier,
la maladie chronique de l'Homo sapiens. Nul ne doit se dire
immunisé, tant chacun peut en devenir le vecteur comme la victime.
L'Occident, surtout celui des savants, porte une responsabilité
majeure dans les justifications théoriques du racisme : ce dernier
a été présenté, trois siècles durant, démonstrations à l'appui,
comme une vérité scientifique à partir de laquelle tous les excès ont
été justifiés - colonialisme, esclavage, apartheid, génocide.
Désormais, la plupart des savants affirment que le racisme n'a
aucun fondement scientifique et que l'avenir de l'espèce passe par
la capacité de chacun à vivre en bonne entente avec les autres, au-delà
de nos différences, réelles ou imaginaires. Pourtant, dans
nombre de textes scientifiques, ou prétendus tels, il subsiste la
marque de préjugés raciaux. Michel Girod, géologue de formation,
s'est d'abord étonné de la survivance de ces clichés, au cours de
nombreuses missions en diverses régions du monde, puis il a décidé
de se replonger dans toute la littérature des sciences pour comprendre
le rapport des scientifiques au racisme. Nul avant lui n'avait
dressé un inventaire aussi exhaustif des discours et théories.
Préjugés et exclusion ne sont pas inéluctables : le métissage a été,
depuis la nuit des temps, le passage obligé de la marche en avant de
l'espèce, par-delà la diversité constitutive des civilisations, cultures
et religions. Ce livre, accessible à tous, est un plaidoyer argumenté
contre le racisme.