« En mer, je ne suis nulle part, sauf dans le monde entier. Au gré de la navigation, surgit la grande et banale question : “Qui suis-je ?” Et je réponds : “Quel est ce qui, sinon un autre, qui chaque matin, loin de recommencer, commence ?” » Que la vie demande à être considérée comme une traversée en mer, de périples en parages, Frédéric Jacques Temple en porte témoignage dans Une longue vague porteuse. Comme ce récit, toute son œuvre s’inscrit dans la lignée immémoriale de l’homo viator pour lequel la vie est un voyage avec son lot d’apprentissages et de révélations, ses étapes et ses tournants, ses instants décisifs et, parfois, la merveille d’une rencontre capitale.
Poète est celui qui relève le défi des grands navigateurs pour se lancer à son tour dans une aventure où la découverte de l’autre ne se sépare plus de la volonté, chaque matin, de s’éprouver soi-même. L’amour des départs est alors, indissolublement, cosa mentale. Faire voyage de tout aura sans doute été le plus secret désir du poète de La Chasse infinie.