Les divers retours à Kant, au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, ont produit des contributions philosophiques majeures non seulement dans le champ de la théorie de la connaissance, mais aussi de la métaphysique, de la psychologie, de l’éthique, de la philosophie de la culture et des sciences humaines. Comme on le sait, le sens de ces retours n’était pas celui de conserver ou de simplement revendiquer une supposée doctrine dans une réalité qui n’était plus exactement celle du philosophe de Königsberg. Il était plutôt question de renouveler, dans un monde qui changeait de manière vertigineuse, la puissance de la méthode « transcendantale » et de l’idéalisme.
Interroger les origines, l’évolution et les problématiques du néokantisme répond à un double intérêt : comprendre l’histoire de la philosophie du XXe siècle, tant pour ce qui concerne les renouvellements de la logique depuis Frege, Russell et le cercle de Vienne, que pour la naissance et le devenir de la phénoménologie husserlienne et de l’herméneutique heideggérienne ; cette étude a aussi un intérêt systématique, puisqu’il aide à explorer la vigueur d’une méthode et d’une forme de questionnement qui s'avère particulièrement pertinentes aujourd'hui.