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Pétaouchnok
n'existe peut-être pas. Mais, dans les langues les plus diverses, de nombreuses expressions similaires renvoient à des lieux réels, même si les gens qui les nomment l'ignorent parfois. De
Bab-el-Oued
à
Tombouctou
, de la
Conchinchina
espagnole au
Canicatti
italien, du
Podunk
américain au
Java
chinois, des îles
Mouk Mouk
québécoises au
Houtsiplou
wallon : tous ces lieux désignent un espace flou, entre réel et imaginaire. À travers quatre-vingts entrées illustrées, ce livre propose un voyage à la recherche de leur sens idiomatique, sur les traces de leurs périples et détours, à la croisée de l'anthropologie, de l'histoire, de la géographie et de la littérature.
Nommés comme s'ils étaient des lieux fictifs pour indiquer le bout du monde ou un trou perdu au milieu de nulle part, les
Pétaouchnok
(s) du monde entier recèlent, au contraire, la réalité tragique ou ironique de l'expérience humaine. De la brousse africaine aux steppes de Sibérie, en passant par la pampa argentine, ils rappellent les rapports de domination entre centre et périphéries des empires, et révèlent les visions racistes des prétendus civilisés sur les
ploucs
et les
barbares
. Destinations de purges ou villages perdus, instituts d'internement ou terres sauvages, ils sont le nom d'utopies ratées ou d'hétérotopies négatives. Pourtant, ils peuvent aussi être des espaces de liberté, ou du moins d'évasion. Ils sont surtout la métaphore de la vie de tout un chacun et les centres d'autres mondes en gestation.
Dans une époque où la planète et l'imaginaire semblent verrouillés et exploités jusqu'à leurs frontières ultimes, ces
Pétaouchnok
(s) sont ce qu'il nous reste. Non pas pour partir sur Mars, mais pour revenir sur Terre.
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