Qui donc s'est permis un jour de parler du «vert paradis des amours enfantines» ? C'est plutôt à une vertigineuse plongée dans l'enfer, dans un monde de méchanceté ordinaire - que tous nous avons connu et bien vite travesti - que nous convie Jonas Gardell, au travers de ce bref roman sur l'enfance, sur son enfance à lui peut-être, en tout cas celle d'un comique devenu grand. Voyage introspectif, douloureux travail de mémoire, alternant les souvenirs anodins et les lettres sans espoir à un ami qui ne répondra pas.
Poignant, il n'y a pas d'autre mot pour ce texte émouvant qui nous renvoie à notre propre enfance, sans fard. Implacablement. Et notre enfance, c'est ce bric-à-brac sur lequel nous nous sommes construits, qui fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui. Et que nous croyons dominer.