L'écriture d'un livre concernant l'expérience clinique n'est jamais pour moi-même l'aboutissement d'une quête mais le point de départ d'un chemin nouveau. Mon désir de transmettre ce que la rencontre clinique m'enseigne est très vite devenu une nécessité. Cet inconnu, cet irreprésentable, cette part de l'humain que l'objectivité scientifique méconnaît est devenue l'essentiel de ma recherche. À la science, je suis resté fidèle. Mais reconnaître les progrès de l'objectivité scientifique n'exclut pas d'être attentif à ce que la science ne veut pas savoir.
Aujourd'hui, un cas clinique nous enseigne comment l'art, la musique, la poésie sont au service d'une rencontre inouïe : celle du silence. Rencontre déterminante pour un être parlant, désirant, jouissant en quête d'amour et de liberté.
Entrer dans cet espace singulier par notre rapport au silence, c'est évoquer pour tout sujet humain le plus intime de lui-même. C'est choisir de vivre une aventure et d'accepter avec respect ceux qui la vivent autrement. Parler de son silence c'est cueillir un fragment de vérité qui ne concerne que lui. C'est accepter l'inconnu d'un passage et rencontrer l'impossible pour décider de son destin et construire sa vie.
Dans cette aventure j'ai rencontré Bach et Lacan. L'oeuvre de chacun, à la fin de leur vie, fait preuve, dans une étonnante proximité, de la rencontre du réel.