«Tout est grâce», disait la petite Thérèse. Il faut prendre «tout en gré»,
répétait Jeanne d'Arc à ses troupes. Plus récemment, Madeleine Delbrêl,
cette assistante sociale d'Ivry - une vraie «battante» - aimait dire que
nous devrions nous agenouiller devant chacune de nos journées, car Dieu
l'a préparée avec amour de toute éternité. Oui, tous les saints de notre
histoire ont eu l'audace de croire à ce mystère inouï de la Providence que
Dieu exerce sur le déroulement de nos vies. Cette foi était la source de la
sérénité qu'ils conservaient au milieu de leurs épreuves et de leurs combats.
Ce mystère est très contesté de nos jours. Beaucoup de chrétiens
estiment aujourd'hui qu'il faudrait réviser notre façon de parler et de lire
les événements. Après Auschwitz, il ne faudrait plus dire que Dieu est le
«Père tout-puissant», le «Maître des temps et de l'histoire», comme nous
le chantons encore dans la liturgie.
L'enseignement de l'Église n'a pourtant pas changé. S'appuyant sur
la Parole très explicite de la Bible à ce sujet, le Catéchisme de l'Église
catholique rappelle que, tout en participant à la colère de Dieu contre les
injustices qui abîment trop souvent nos frères et contre lesquelles nous
devons nous battre, nous devons aussi nous abandonner avec confiance
aux bons vouloirs du Père, même lorsqu'ils nous déroutent. C'est ce que
Jésus Lui-même a fait à Gethsémani : «Père, que Ta Volonté soit faite et
non la mienne !»
Comme l'affirme saint Paul avec force, «Dieu fait tout concourir»
au bien de ses enfants (Rm 8, 28).