Déclaration du désir d'une femme à un tout jeune homme, Hippolyte, le fils de son mari Thésée. Courage de l'impudeur pour dire le sexe, le sang, les sens et l'éternité de ce désir, mais aussi son trop plein de souffrances. Avec autant de force et de flamboyance que l'héroïne d'Euripide, plus déchaînée que celle de Racine, la Phaidra de Ritsos ne contient plus son désir fou trop longtemps retenu et dont seule la mort, elle le sait, pourra la délivrer. Mais avant de mourir, il faut éclabousser de sa sensualité et de sa fureur le bel intouchable.
L'érotisme porte au rêve, au désir d'évasion.
Les puritains d'Angleterre et d'Amérique prétendaient s'attaquer au « vice », mais le « désir » dans son essence était visé. C'était Éros en personne, le bel Éros que l'on prétendait humilier et détruire. Lui que les Grecs célébraient autrefois en dressant, à Délos, de formidables sexes de marbre braqués sur l'infini.
Et si aujourd'hui cela nous gêne, ce n'est pas en raison de la verdeur du symbole, mais de deux mille ans d'anti-érotisme chrétien.
Il nous reste à libérer le désir, l'imaginaire - et le sens du beau...
Du pain sur la planche pour le XXIe siècle !
MauriceGirodias, Une journée sur la terre, (1990)