Bruno Pinchard poursuit dans ce livre son parti pris d'une invention métaphysique contemporaine. Prenant acte de la disparition d'une philosophie de l'esprit qui se définisse par rapport à l'Absolu et ne trouvant aucune raison de borner les jeux de l'intelligence au seul art commun de faire des phrases, il cherche dans des mots-concrétions : nom, masque, tarot, occultation, polyphonie, les résonances et les analogies d'une parole antérieure au discours. Il montre comment de telles rencontres tiennent curieusement tête au chaos et participent à l'édification d'un Mémorial de la splendeur. La poursuite d'un dessein métaphysique contemporain ne va pas sans de telles outrances.
Après Malebranche et sa critique de la représentation, la mémoire du Pantagruélisme selon Rabelais, le Mémorial de Pascal et une certaine Mythodicée issue de Leibniz sont entraînés dans une véritable reconfiguration du paysage spéculatif, en hauteur et en profondeur. Mais cette façon de perpétuer à tout prix un regard métaphysique aurait cette conséquence imprévue : la partie contre l'absurde n'est pas toujours perdue, pourvu qu'on cesse de penser avec des idées (et les techniques auxquelles elles s'asservissent), pour se souvenir de l'excellence des noms, des rites et des dieux.