Si La Photographie plasticienne. Un art paradoxal se proposait d'examiner les
conditions de possibilité de «l'entrée en art» de la photographie, autour des années
soixante-dix, et constituait le medium photographique comme l'un des plus
puissants opérateurs de déconstruction du modernisme, Photographie plasticienne,
l'extrême contemporain se donne pour enjeu l'examen attentif des différents pôles
photographiques, souvent contradictoires, de ce qui serait «l'après post-modernisme»,
emblématisé par les années quatre-vingt-dix : les tropes du banal et de l'intime, la
photographie érudite ; l'esthétique de l'idiotie, le sérieux de l'objectivisme issu de
l'école de Düsseldorf ; les fictions prométhéennes du post-human, le renouveau de
plus en plus affirmé d'une photographie documentaire qui ne doit plus rien à un
photojournalisme frappé d'obsolescence, mais peut a contrario se comprendre en
écho aux stratégies iconiques du «retrait».
Dans un champ photographique éclaté, qu'il serait illusoire de vouloir unifier
au détriment des différences et des fractures, l'auteure a conjointement mis en
exergue les questionnements propres à l'extrême contemporain : soit
l'impossibilité du paysage et la crise de l'urbanité, l'émergence de «non-lieux» et
la tentative pour inventer des lieux où vivre, d'une part ; l'inquiétude du sujet vis-à-vis
de lui-même, d'autre part, comme si le portrait, loin d'être une évidence,
achoppait sur une identité toujours plus précaire, qui fut déjà soumise à
l'implacable déconstruction structuraliste du sujet.
Au terme du parcours, c'est à une lecture subjective - et revendiquée comme
telle - des oeuvres que le lecteur sera convié : constituer l'admiration comme
passion joyeuse, active, nietzschéenne enfin.