Pictet, des Indo-Européens aux fusées
Fils de l'officier, agronome et diplomate genevois Pictet-de Rochemont, Adolphe Pictet (1799-1875) fait preuve très tôt de grands talents linguistiques, littéraires, musicaux et scientifiques. S'étant initialement orienté vers la philosophie, il découvre la métaphysique germanique. À Berlin, il se lie avec Hegel et à Tübingen devient l'ami de Schelling. En Écosse, il va être le premier à s'intéresser aux origines du celtique, ce qui le conduira à ses racines indo-européennes, ouvrant ainsi des voies inédites. Son ouvrage sur les « Aryas primitifs », sans cesse remanié, lui assurera une notoriété mondiale, en bien comme en mal. Ses études sur l'esthétique romantique feront de lui l'introducteur de Schelling dans le monde francophone. À la suite d'une excursion à Chamonix en compagnie de Franz Liszt, qui deviendra son ami, de George Sand et de Marie d'Agoult, il publiera un roman fantastique à la thématique débridée. Mais il va aussi s'intéresser à la construction de fusées de guerre, dont il aimerait doter l'armée suisse, ce qui lui donnera l'occasion de rencontrer le futur général Dufour, dont il deviendra l'ami le plus proche. Devant la multiplicité de ses dons et talents, ses contemporains le surnommeront « l'Universel ». À sa mort, Genève et la Suisse auront perdu un de leurs esprits les plus puissants.