Les écrits de Pierre-Albert Jourdan (1924-1981), qui fut un
proche de René Char, Yves Bonnefoy ou Philippe Jaccottet, sont
indéniablement ceux d'un poète : son sens intense des rythmes et
des images, sa sensibilité non moins intense au monde naturel et
humain, en témoignent assez.
Mais saisir dans les mots la «rencontre» du monde, et de l'invisible
qu'il percevait à travers lui, n'était pas le but principal de Jourdan - et
bien moins encore de «faire oeuvre», et d'être reconnu pour cela dans
le monde littéraire ou le grand public.
Sa pratique d'écriture visait, d'abord, à le rendre lui-même de
mieux en mieux capable d'accueillir, pleinement, cette rencontre
dans la nudité d'être - et la publication, toujours discrète, des
«oeuvres» qui en résultaient, à servir de relance pour d'autres
quêteurs de vie plénière, sur leur propre chemin vers un but
analogue.
C'est ce qui le rend si nécessaire, aujourd'hui, à découvrir et à
fréquenter.